Sources : 1940-1944 Les Ardennes en Images (Jacques Vadon) - Combat en Ardennes (Jean-Pol Cordier) - Ardennes 1940 TENIR (Gérald Dardart) - Sedan mai 40 (Claude Gounelle) - Photos d'époque : Archives Départementales des Ardennes - Bundesarchiv
A la mémoire de tous ceux qui se sont battus pour notre liberté
A l'étage, plus de trente vitrines présentent l'évolution de l'armement et de l'équipement militaire de 1850 à 1945. Sans oublier des expositions temporaires.
Un certain nombre de lieux retraçant les évènements de mai et juin 1940, jalonnent le département des Ardennes :
- La visite de l'ouvrage de Villy-la-Ferté, le dernier de la ligne Maginot, où s'est déroulé l'épisode le plus meurtrier de la conquête de cette ligne de fortification, vous emmenera 35 mètres sous terre pour y décrouvrir la vie d'un soldat dans un fort.
- Le Musée des Spahis à la Horgne retrace l'incroyable sacrifice de ces combattants qui résistèrent héroïquement à une division de panzers allemands : 700 soldats à cheval contre des blindés ! Le cimetière du village, où reposent nombre d'entre eux, vous invite à leur rendre hommage.
- Outre quelques musées ici ou là (Semuy, mémorial de Stonne, Margut ...), ne ratez pas le Musée Départemental Guerre et Paix à Novion-Porcien. Vous y découvrirez une riche collection militaire portant sur les trois derniers conflits ayant marqué les Ardennes.
Mais l'appel d'un certain Général De Gaulle, le 18 juin depuis Londres, va bientôt changer la donne et permettre d'ouvrir une nouvelle phase du conflit, où seront écrites nombre de "belles pages" patriotiques : celle de la Résistance.
Le soir du 14 mai, l'infanterie allemande est sur la rive droite de la Meuse devant Charleville. L'aviation allemande pilonne les arrières des troupes françaises, enrayant les mouvements de l'artillerie lourde et des renforts.
Très vite, la ville est en feu. L'incendie se propage de maisons en maisons. Profitant de la confusion, un premier bateau pneumatique est mis sur l'eau, les hommes se lancent et montent à bord. Les balles françaises sifflent, transperçant ici et là une baudruche qui se dégonfle à grand bruit en précipitant hommes et matériel dans l'eau glacée du fleuve. Mais la fumée de l'incendie qui se propage et la poussière soulevée par les obus forment un écran qui masque la vue des tireurs français et cache la manœuvre allemande. Par groupe, ils parviennent maintenant à atteindre l'autre rive, ramant de toutes leurs forces. Les bateaux sitôt vidés retournent sur l'autre rive, pour une nouvelle traversée (photo de gauche).
Il faut se rendre à l'évidence en cette fin de lundi de Pentecôte : des sections allemandes ont franchi la Meuse. Dès lors, un rude combat de rue commence, d'habitations en habitations, de ruines en ruines. Monthermé est aux mains de l'ennemi, mais au prix de pertes importantes du fait de la résistance acharnée d'une poignée d'hommes. Les rescapés de la bataille de Monthermé sont tous fait prisonniers.
Plan allemand de la percée de Sedan et des différentes opérations dans les Ardennes
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Le dimanche 12 Mai 1940 est jour de Pentecôte. Devant l'avancée de l'armée allemande, les ponts routiers traversant la Meuse sont dynamités dans le secteur de Monthermé. A 6 heures 30, le plus important d'entre eux, le pont routier du Nord de Monthermé saute. Le robuste pont métallique, coupé en deux par le milieu, s'effondre dans la rivière.
En fin de matinée, l'aviation allemande bombarde l'intérieur de la boucle. Les soldats de la Weimarth viennent de passer la frontière et atteignent les Vieux Moulins de Thilay. Leur objectif : Monthermé et la boucle de la Meuse.
Le 13 mai, des véhicules allemands de tout acabit s'accumulent sur la route entre les Vieux Moulins de Thilay et les Woieries, sur le haut plateau surplombant Monthermé. L'artillerie française est groupée dans le fond de la vallée, sur la rive gauche de la Meuse, et elle tire en direction de la colline.
Les Spahis de la 3e Brigade était composée du 2e Régiment de Spahis Marocains et du 2e Régiment de Spahis Algériens, soit 38 Officiers et 1 223 hommes. Cette unité de cavalerie était stationnée dans les Ardennes depuis novembre 1939. Ayant à maintes reprises, depuis le 10 mai, tenté de faire front à l'invasion allemande, elle se trouve rapidement opposée à des forces blindées en surnombre et surtout à une puissante aviation ennemie.
Ne pouvant arrêter ce véritable "rouleau compresseur", les Spahis devront plusieurs fois battre en retraite avant de prendre position autour du village de la Horgne le 15 mai. Toutes les routes d'accès sont condamnées par des barricades et l'avancée rapide des blindés est donc impossible. Le 16 au matin, les Spahis reçoivent l'ordre de tenir leur position, sans recul, afin de faire face aux hommes de Guderian qui s'élancent vers l'Ouest et la mer. La résistance va être acharnée à tel point que les Allemands vont devoir demander du renfort afin d'attaquer à revers les positions de la Horgne.
Malgré une résistance héroïque qui va durer 12 heures, sans soutien d'artillerie (ils ne pos-sèdent que 3 pièces antichars), attaqués en même temps de face et à revers, les pauvres spahis sont anéhantis par l'armée allemande qui reprendra alors sa progression. 610 d'entre eux se sont sacrifiés pour la défense de la France.
Peu après la percée de Sedan, la ville de Flize est prise. La panique s'empare des troupes arrières qui se replient et encombrent les routes, ralentissant énormément la contre-offensive qui sera pourtant lancée le 14 mai à 5 h 00 du matin sur Connage et Bulson avec un seul régiment et un seul bataillon de chars. Après 4 heures de combats, d'une rare violence, les Allemands s'emparent des passages sur la Bar. En moins de 48 heures, l'artillerie française dans le secteur de Sedan sera totalement écrasée et la route de l'Ouest ouverte. Le 15 mai 1940, 610 spahis sur les 1000 de la 3e BS tombent à la Horgne et à Poix-Terron pendant que la Luftwaffe mitraille les populations civiles sur la route de l'exode. Epouvantable cauchemar !
Casemates entre Sedan et Flize
Ce sont ces petits ouvrages, insuffisamment armés, qui subiront l'assaut ennemi lors de la percée de Sedan (quelques blocs sont encore visibles de nos jours)
Le 11 mai au soir, les avant-gardes de Guderian (à gauche) sont devant Bouillon, sur la Semoy où la bataille fait rage. Le Génie français fait sauter les ponts de la Semoy mais en oublie deux dans leur hâte : l'ennemi en profite et franchi la rivière. L'objectif allemand ne fait aucun doute : Sedan. Dans la nuit du 11 au 12 mai, les Français abandonnent la défense de la Semoy. L'aviation allemande (environ 300 appareils) bombarde en même temps qu'avancent les blindés. Les maisons fortes sont désertées, sauf deux : St Menges et Hatrelle. C'est justement devant la maison forte de St Menges que tomberont les premiers morts français de la bataille de France (à droite). La bataille de France débute donc par la percée de Sedan qui se terminera le 22 juin 1940 par la capitulation des armées françaises.
Le plan MANSTEIN
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Pendant que les Alliés vont faire porter leur effort principal en Belgique Centrale et du Nord, et profitant de toute l'attention focalisée sur l'invasion des Pays-Bas et de la Belgique, la plus forte concentration de blindés de la Weimarth, sous le commandement de Heinz Guderian (photo de gauche), s'affère au sud et franchit le Luxembourg, puis les Ardennes Belges pour enfin arriver sur la Meuse, secteur faible du dispositif Allié. Cette avance sur la Meuse passe presque inaperçue et les chasseurs ardennais ne peuvent arrêter les divisions blindées. Après avoir franchit la Meuse, ce groupement doit s'enfoncer en arrière des lignes françaises pour atteindre la Manche et encercler le gros des troupes Alliées, entrées en Belgique, qui se replieront sur Dunkerque après la capitulation de l'armée Belge, le 28 mai 1940.
Nous sommes début mai 1940. La "drôle de guerre" dure depuis huit mois. Depuis l'invasion de la Pologne par le IIIe Reich, la France et l'Angleterre qui avaient déclaré la guerre à l'Allemagne le 3 Septembre 1939, n'avaient rien fait pour aider leur alliée. L'armée française s'était simplement retranchée derrière la ligne Maginot en attendant une offensive de l'ennemi.
Le 10 Mai 1940 à l'aube, en application du plan Manstein, les Allemands pénètrent aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, dans le but de faire diversion et tromper les Alliés en les fixant au nord, tandis qu'un grand mouvement de troupes se développera au sud, dans les Ardennes, le secteur le moins bien tenu par les français, avant de s'élancer vers l'ouest jusqu'à la mer. Conformément au plan Dyle-Breda du Général Gamelin, le meilleur des troupes françaises et britanniques est envoyé dans le nord de la Belgique à la rencontre des blindés allemands (à gauche, plan DYLE).
Elles furent toutes construites en 1938. Elles reposent sur la stratégie du leurre. L'ennemi doit croire à une maison d'habitation. Le rez-de-chaussé qui ressemble à un soubassement est en fait une salle de combat, protégée par des murs en béton armé de 0,50 à 1 mètre d'épaisseur, avec ouvertures de tir. Le premier étage est composé d'un petit appartement servant à loger 6 combattants. On y trouve une chambre de 5m x 3m, un réfectoire de 3,60m x 2,50m, une cuisine de 2,35m x 1,65m, des WC et un vestibule d'entrée. En cas d'alerte, les soldats ferment les volets de fer, les portes blindées et descendent dans la salle de combat par le biais d'une trappe située dans la chambre. En cas de péril imminent, un étroit tunnel donne la possibilité aux défenseurs d'évacuer. Des mines, des chicanes, des barbelés, des fossés antichars et des tranchées protègent les alentours immédiats de la maison.
Par contre, on trouve dans la région quantité de casemates et ouvrages défensifs divers. On en compte pas moins de 62 dans la région de Sedan, soit 10 % de la totalité des ouvrages ardennais. C'est le Général de Barbeyrac de St Maurice, commandant de la 2ème Région à Amiens, qui prend en charge le "barrage de la Meuse", depuis Givet jusqu'à Mairy, par Mézières et Sedan, puis l'organisation de la Chiers. Il conçoit la fortification de campagne sous la forme de petits blocs de béton peu solides mais bien camouflés, flanqués de fossés antichars et de réseaux de barbelés, destinés à recevoir une ou deux armes. Le but est de rendre infranchissable le fleuve. Les chantiers sont conduits en 1935 et 1936.
En 1937, elle a commencé la construction d'une ligne de fortifications, le long de la frontière française, luxembourgeoise et belge, la ligne "Siegfried".
Vingt années à panser les plaies, à reconstruire. Pendant ce temps, l'Allemagne se réarme, fabrique des canons, des chars, des avions et redevient à nouveau une menace, surtout depuis la montée du nazisme et la prise du pouvoir par Hitler en 1933.
Les Ardennes sont une région au passé douloureux, une terre meurtrie. Vingt années se sont écoulées depuis la fin de la première guerre mondiale.