Sources : 1940-1944 Les Ardennes en Images (Jacques Vadon) - Combat en Ardennes (Jean-Pol Cordier) - Ardennes 1940 TENIR (Gérald Dardart) - Sedan mai 40 (Claude Gounelle) - Photos d'époque : Archives Départementales des Ardennes - Bundesarchiv
A la mémoire de tous ceux qui se sont battus pour notre liberté

Quelques clichés du Musée (photos Musée Guerre et Paix en Ardennes).
Avec l'aimable autorisation de Monsieur Stéphane ANDRE, Directeur du Musée
Réalisé par le Conseil Général des Ardennes et inauguré en 2003, le Musée Guerre et Paix est d'abord un lieu de connaissance et de mémoire. Des audiophones en plusieurs langues et la diffusion de films vidéos d'époque enrichissent sa découverte.

A l'étage, plus de trente vitrines présentent l'évolution de l'armement et de l'équipement militaire de 1850 à 1945. Sans oublier des expositions temporaires.

Sur près de 4 500 m2, sont exposés des véhicules, des uniformes, des armes, des équipements divers ... Le rez-de-chaussée met en scène dix grandes reconstitutions qui évoquent des épisodes marquants des trois guerres, mettant en situation hommes et matériel (la charge des fantassins prussiens et les combats de Bazeilles (1870), tranchées et poilus de la première guerre mondiale, la Percée de Sedan et l'avancée allemande (1940), le Débarquement et la Libération (1944) ...).

Un certain nombre de lieux retraçant les évènements de mai et juin 1940, jalonnent le département des Ardennes :

- La visite de l'ouvrage de Villy-la-Ferté, le dernier de la ligne Maginot, où s'est déroulé l'épisode le plus meurtrier de la conquête de cette ligne de fortification, vous emmenera 35 mètres sous terre pour y décrouvrir la vie d'un soldat dans un fort.
- Le Musée des Spahis à la Horgne retrace l'incroyable sacrifice de ces combattants qui résistèrent héroïquement à une division de panzers allemands : 700 soldats à cheval contre des blindés ! Le cimetière du village, où reposent nombre d'entre eux, vous invite à leur rendre hommage.
- Outre quelques musées ici ou là (Semuy, mémorial de Stonne, Margut ...), ne ratez pas le Musée Départemental Guerre et Paix à Novion-Porcien. Vous y découvrirez une riche collection militaire portant sur les trois derniers conflits ayant marqué les Ardennes.

Mais l'appel d'un certain Général De Gaulle, le 18 juin depuis Londres, va bientôt changer la donne et permettre d'ouvrir une nouvelle phase du conflit, où seront écrites nombre de "belles pages" patriotiques : celle de la Résistance.

Début juin 1940 : les Panzers traversent la Somme et filent sur Dunkerque
Parallèlement à la percée du front de l'Aisne, Rommel perce sur la Somme. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris. L'armistice est signé à Rethondes le 22 juin (au même endroit où Foch signa celui du 11 novembre 1918, comme si les Allemands voulaient essuyer leur vieil affront !). L'effondrement de la France, en cinq semaines, porte la popularité d'Hitler à son apogée.
Mézières occupée (photo J. Héraux)
et 16 mai - Villy-la-Ferté, 18 et 19 mai - Stonne et Tannay, du 23 au 25 mai), les troupes allemandes tentent de forcer le passage sur l'Aisne dans le sud des Ardennes à partir du 6 juin (région de Rethel). Le front de l'Aisne s'écroule à l'ouest de Rethel le 9 juin. Guderian en profite pour progresser vers la Marne. La contre-attaque française est insuffisante. C'est la fin des combats dans la région.
Après avoir traversé la Meuse et le nord du département tout au long de ce mois de mai 1940, au prix de rudes combats face au courage de la résistance française (région de Sedan et Monthermé, 13 et 14 mai - Bouvellemont, Villers-le-Tilleul, La Horgne, 15
L'Armée hollandaise vient de capituler. A Monthermé, il est 17 heures lorsque commencent les travaux de lancement du pont destiné au passage des blindés. A minuit, la cons-truction du pont de bateaux est terminée et les premiers chars arrivent sur la rive gauche.
La traversée de la Meuse
pour les engins motorisés commencent dès minuit le 15 mai et se poursuit toute la journée
Les blindés ennemis attendent de pouvoir traverser la Meuse le 14 mai

Le soir du 14 mai, l'infanterie allemande est sur la rive droite de la Meuse devant Charleville. L'aviation allemande pilonne les arrières des troupes françaises, enrayant les mouvements de l'artillerie lourde et des renforts.

Très vite, la ville est en feu. L'incendie se propage de maisons en maisons. Profitant de la confusion, un premier bateau pneumatique est mis sur l'eau, les hommes se lancent et montent à bord. Les balles françaises sifflent, transperçant ici et là une baudruche qui se dégonfle à grand bruit en précipitant hommes et matériel dans l'eau glacée du fleuve. Mais la fumée de l'incendie qui se propage et la poussière soulevée par les obus forment un écran qui masque la vue des tireurs français et cache la manœuvre allemande. Par groupe, ils parviennent maintenant à atteindre l'autre rive, ramant de toutes leurs forces. Les bateaux sitôt vidés retournent sur l'autre rive, pour une nouvelle traversée (photo de gauche).

Il faut se rendre à l'évidence en cette fin de lundi de Pentecôte : des sections allemandes ont franchi la Meuse. Dès lors, un rude combat de rue commence, d'habitations en habitations, de ruines en ruines. Monthermé est aux mains de l'ennemi, mais au prix de pertes importantes du fait de la résistance acharnée d'une poignée d'hommes. Les rescapés de la bataille de Monthermé sont tous fait prisonniers.

Passage difficile de la Semoy dans la région de Bouillon
Les Panzers s'accumulent sur la rive droite de la Meuse et tirent sur les lignes de défenses françaises situées sur l'autre rive
Les camions du Génie gagnent du terrain, virage après virage, protégés par les maisons sur le bord de la route et atteignent finalement la rive droite de la Meuse. Sur l'autre rive, les français les arrosent d'obus. A 16 heures, l'ordre est donné à toutes les batteries de canons et d'obusiers de tirer sur les avant-postes de la défense française. En quelques secondes, c'est l'enfer qui s'abat sur Monthermé.
En début de matinée, ce lundi de Pentecôte, près de 200 véhicules dévalent la route d'Hargnies en direction du bois de "la Rova", aux abords de Monthermé. Les batteries allemandes tirent au hasard. Les français arrosent la route d'Hargnies où progressent les blindés. Le bruit de la canonnade couvre le grondement des moteurs.
Le franchissement de la forêt ardennaise ne se fait pas sans difficultés ! Région de Monthermé, le 13 mai au matin
Depuis le point de vue de la Roche à 7 heures, un officier allemand montre du doigt Monthermé et la boucle de la Meuse, le 13 mai au matin
Ligne fortifiée française dans la région de Sedan
Artillerie française, bien maigre face aux panzers allemands
Canon anti-chars français dans une cour de ferme

Plan allemand de la percée de Sedan et des différentes opérations dans les Ardennes
Cliquez sur le plan pour agrandir

LA BATAILLE DE MONTHERME

Le dimanche 12 Mai 1940 est jour de Pentecôte. Devant l'avancée de l'armée allemande, les ponts routiers traversant la Meuse sont dynamités dans le secteur de Monthermé. A 6 heures 30, le plus important d'entre eux, le pont routier du Nord de Monthermé saute. Le robuste pont métallique, coupé en deux par le milieu, s'effondre dans la rivière.
En fin de matinée, l'aviation allemande bombarde l'intérieur de la boucle. Les soldats de la Weimarth viennent de passer la frontière et atteignent les Vieux Moulins de Thilay. Leur objectif : Monthermé et la boucle de la Meuse.
Le 13 mai, des véhicules allemands de tout acabit s'accumulent sur la route entre les Vieux Moulins de Thilay et les Woieries, sur le haut plateau surplombant Monthermé. L'artillerie française est groupée dans le fond de la vallée, sur la rive gauche de la Meuse, et elle tire en direction de la colline.

LA HORGNE, 15 et 16 Mai 1940

Les Spahis de la 3e Brigade était composée du 2e Régiment de Spahis Marocains et du 2e Régiment de Spahis Algériens, soit 38 Officiers et 1 223 hommes. Cette unité de cavalerie était stationnée dans les Ardennes depuis novembre 1939. Ayant à maintes reprises, depuis le 10 mai, tenté de faire front à l'invasion allemande, elle se trouve rapidement opposée à des forces blindées en surnombre et surtout à une puissante aviation ennemie.

Ne pouvant arrêter ce véritable "rouleau compresseur", les Spahis devront plusieurs fois battre en retraite avant de prendre position autour du village de la Horgne le 15 mai. Toutes les routes d'accès sont condamnées par des barricades et l'avancée rapide des blindés est donc impossible. Le 16 au matin, les Spahis reçoivent l'ordre de tenir leur position, sans recul, afin de faire face aux hommes de Guderian qui s'élancent vers l'Ouest et la mer. La résistance va être acharnée à tel point que les Allemands vont devoir demander du renfort afin d'attaquer à revers les positions de la Horgne.

Malgré une résistance héroïque qui va durer 12 heures, sans soutien d'artillerie (ils ne pos-sèdent que 3 pièces antichars), attaqués en même temps de face et à revers, les pauvres spahis sont anéhantis par l'armée allemande qui reprendra alors sa progression. 610 d'entre eux se sont sacrifiés pour la défense de la France.

Des Panzers allemands dans la périphérie de Sedan

Peu après la percée de Sedan, la ville de Flize est prise. La panique s'empare des troupes arrières qui se replient et encombrent les routes, ralentissant énormément la contre-offensive qui sera pourtant lancée le 14 mai à 5 h 00 du matin sur Connage et Bulson avec un seul régiment et un seul bataillon de chars. Après 4 heures de combats, d'une rare violence, les Allemands s'emparent des passages sur la Bar. En moins de 48 heures, l'artillerie française dans le secteur de Sedan sera totalement écrasée et la route de l'Ouest ouverte. Le 15 mai 1940, 610 spahis sur les 1000 de la 3e BS tombent à la Horgne et à Poix-Terron pendant que la Luftwaffe mitraille les populations civiles sur la route de l'exode. Epouvantable cauchemar !

Quelques clichés du Sedan occupé
Passage de la Meuse par l'ennemi dans la région de Sedan
Les 22 casemates et abris de la région sedannaise, malgré leur acharnement à freiner des centaines de chars allemands, sont pris les uns après les autres. Ils ont résisté jusqu'à leur dernière cartouche. Les troupes françaises sont très vite submergées par la supériorité numérique et technologique de l'ennemi. Finalement, la cité de Turenne tombe.
C'est ici qu'a eu lieu la Percée de la 2ePz.D. Dans mon dos, se trouvent les premières casemates attaquées (en photo plus haut)
Sur des radeaux pneumatiques, accostent sur la rive adverse des fantassins qui montent à l'assaut en franchissant dans un élan rapide les barrages avancés avant d'encercler les premières casemates. La résis-tance française est intense, de nombreux ouvrages se défendant désespérément. Les français, en majorité des combattants d'origine ardennaise (qui viennent de passer les 8 mois de la drôle de guerre à creuser des tranchées, à couler le béton des casemates, à dérouler les barbelés ou à construire les ouvrages d'art) se défendent pied à pied. Ils manquent cruellement de matériel et celui-ci est parfois obsolète. De plus, le soutien de l'aviation et des blindés alliés est insuffisant et les moyens de communication sont archaïques.
Plaque commémorative sur la maison forte de St Menges
Fin 1938, une vingtaine de maisons fortes sont construites dans les bois situés entre la Meuse et la frontière, en plus de six positions de batterie d'artillerie lourde. Début 40, d'autres travaux seront entamés afin de renforcer ces positions. Il y en a 15, faisant front au nord de Sedan et Carignan. Elles subiront le choc de 3 divisions blindées de 300 chars les 12 et 13 Mai 1940. Edifiées selon un plan type, collées à la frontière, occupées par de légers détachements d'infanterie qui veillent, elles servent de "sonnettes d'alarme" en informant l'arrière d'une éventuelle violation du territoire national. Julien Gracq dans son livre "Le Balcon en Forêt" en a bien décrit l'atmosphère (adaptation cinématographique de M. Mitrani).

Casemates entre Sedan et Flize
Ce sont ces petits ouvrages, insuffisamment armés, qui subiront l'assaut ennemi lors de la percée de Sedan (quelques blocs sont encore visibles de nos jours)

Le dernier fort de la ligne Maginot : Villy-la-Ferté pris par les Allemands en mai 40
Le 13 mai, vers 16 h 00, la Meuse est franchie dans la région de Sedan, à Gaulier, en face de l'usine textile de l'Espérance, au Pont-Neuf et à Wadelincourt.
LA PERCEE DE SEDAN

Le 11 mai au soir, les avant-gardes de Guderian (à gauche) sont devant Bouillon, sur la Semoy où la bataille fait rage. Le Génie français fait sauter les ponts de la Semoy mais en oublie deux dans leur hâte : l'ennemi en profite et franchi la rivière. L'objectif allemand ne fait aucun doute : Sedan. Dans la nuit du 11 au 12 mai, les Français abandonnent la défense de la Semoy. L'aviation allemande (environ 300 appareils) bombarde en même temps qu'avancent les blindés. Les maisons fortes sont désertées, sauf deux : St Menges et Hatrelle. C'est justement devant la maison forte de St Menges que tomberont les premiers morts français de la bataille de France (à droite). La bataille de France débute donc par la percée de Sedan qui se terminera le 22 juin 1940 par la capitulation des armées françaises.

Ordres d'évacuation : A gauche, le 10 mai 1940 pour la région de Monthermé ; à droite le 12 mai pour la région de Charleville
Dès le 10 mai, l'évacuation a été ordonnée aux habitants de Monthermé, Givet et Fumay. Le 12 mai, ce sont les habitants de Charleville, de Mézières, de Flize et de Mohon qui sont appelés à quitter leurs habitations. La Préfecture des Ardennes est transférée à St Hermine, en Vendée, région de repli pour les Ardennais. Durant cette période les quais de la gare de Charleville sont envahis d'évacués qui se bousculent, encombrés de leurs pau-vres bagages.

Le plan MANSTEIN
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Pendant que les Alliés vont faire porter leur effort principal en Belgique Centrale et du Nord, et profitant de toute l'attention focalisée sur l'invasion des Pays-Bas et de la Belgique, la plus forte concentration de blindés de la Weimarth, sous le commandement de Heinz Guderian (photo de gauche), s'affère au sud et franchit le Luxembourg, puis les Ardennes Belges pour enfin arriver sur la Meuse, secteur faible du dispositif Allié. Cette avance sur la Meuse passe presque inaperçue et les chasseurs ardennais ne peuvent arrêter les divisions blindées. Après avoir franchit la Meuse, ce groupement doit s'enfoncer en arrière des lignes françaises pour atteindre la Manche et encercler le gros des troupes Alliées, entrées en Belgique, qui se replieront sur Dunkerque après la capitulation de l'armée Belge, le 28 mai 1940.

Nous sommes début mai 1940. La "drôle de guerre" dure depuis huit mois. Depuis l'invasion de la Pologne par le IIIe Reich, la France et l'Angleterre qui avaient déclaré la guerre à l'Allemagne le 3 Septembre 1939, n'avaient rien fait pour aider leur alliée. L'armée française s'était simplement retranchée derrière la ligne Maginot en attendant une offensive de l'ennemi.
Le 10 Mai 1940 à l'aube, en application du plan Manstein, les Allemands pénètrent aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, dans le but de faire diversion et tromper les Alliés en les fixant au nord, tandis qu'un grand mouvement de troupes se développera au sud, dans les Ardennes, le secteur le moins bien tenu par les français, avant de s'élancer vers l'ouest jusqu'à la mer. Conformément au plan Dyle-Breda du Général Gamelin, le meilleur des troupes françaises et britanniques est envoyé dans le nord de la Belgique à la rencontre des blindés allemands (à gauche, plan DYLE).

Maison Forte de St Menges de nos jours

Elles furent toutes construites en 1938. Elles reposent sur la stratégie du leurre. L'ennemi doit croire à une maison d'habitation. Le rez-de-chaussé qui ressemble à un soubassement est en fait une salle de combat, protégée par des murs en béton armé de 0,50 à 1 mètre d'épaisseur, avec ouvertures de tir. Le premier étage est composé d'un petit appartement servant à loger 6 combattants. On y trouve une chambre de 5m x 3m, un réfectoire de 3,60m x 2,50m, une cuisine de 2,35m x 1,65m, des WC et un vestibule d'entrée. En cas d'alerte, les soldats ferment les volets de fer, les portes blindées et descendent dans la salle de combat par le biais d'une trappe située dans la chambre. En cas de péril imminent, un étroit tunnel donne la possibilité aux défenseurs d'évacuer. Des mines, des chicanes, des barbelés, des fossés antichars et des tranchées protègent les alentours immédiats de la maison.

Par contre, on trouve dans la région quantité de casemates et ouvrages défensifs divers. On en compte pas moins de 62 dans la région de Sedan, soit 10 % de la totalité des ouvrages ardennais. C'est le Général de Barbeyrac de St Maurice, commandant de la 2ème Région à Amiens, qui prend en charge le "barrage de la Meuse", depuis Givet jusqu'à Mairy, par Mézières et Sedan, puis l'organisation de la Chiers. Il conçoit la fortification de campagne sous la forme de petits blocs de béton peu solides mais bien camouflés, flanqués de fossés antichars et de réseaux de barbelés, destinés à recevoir une ou deux armes. Le but est de rendre infranchissable le fleuve. Les chantiers sont conduits en 1935 et 1936.

La stratégie développée en France depuis la fin des années 20, était une stratégie défensive, avec en prévision, des batailles aux frontières pour en interdire le passage. Cette stratégie était encore en vigueur en 1939. C'est dans cette optique que démarre dès 1929 la construction de la ligne "Maginot", du nom du ministre de la Guerre. Cette ligne de fortification infranchissable composée d'énormes blockaus reliés entre eux par des souterrains couvrait une partie de la frontière franco-allemande et franco-luxembourgeoise (de Bâle en Suisse à Villy-la-Ferté près de Sedan). Ces blockaus protègeaient des fortifications de campagne qui s'intercalaient entre eux. Ils avaient pour but de tenir quelques jours contre une attaque surprise de l'ennemi, en maintenant l'offensive hors des frontières, dans l'attente de renforts.
Les Ardennes, avec leurs forêts et leurs vallées encaissées constituaient un théâtre d'opérations où il était préférable de ne pas s'aventurer, ce qui explique la pauvreté des fortifications le long de la frontière franco-belge dans ce département : le fort de Villy, le dernier ouvrage de la ligne Maginot est le plus petit et le plus vulnérable d'entre tous. En effet, les Ardennes ont la chance de posséder un obstacle naturel antichar efficace et parallèle à la frontière : la Meuse, de Givet à Bazeilles et la Chiers jusqu'à Margut. Dans le nord du département, le fleuve s'est taillé dans le vieux massif un cours sinueux, large de 70 mètres, encaissé, dominé par des aplombs de 200 mètres. La vallée est étroite avec quelques agglomérations. Cela explique pourquoi le Haut Commandement Français n'a pas considéré prioritaire la mise en défense de ce secteur.

En 1937, elle a commencé la construction d'une ligne de fortifications, le long de la frontière française, luxembourgeoise et belge, la ligne "Siegfried".

Vingt années à panser les plaies, à reconstruire. Pendant ce temps, l'Allemagne se réarme, fabrique des canons, des chars, des avions et redevient à nouveau une menace, surtout depuis la montée du nazisme et la prise du pouvoir par Hitler en 1933.

Les Ardennes sont une région au passé douloureux, une terre meurtrie. Vingt années se sont écoulées depuis la fin de la première guerre mondiale.